Il n’y a pas que les dividendes dans la vie !

Il n'y a pas que les dividendes dans la vie !J’ai toujours été très surpris par l’intérêt des investisseurs en actions pour les dividendes.

Bien sûr, les dividendes représentent un gain physique et palpable mais dans cet article, nous allons voir qu’il est parfois plus judicieux de ne pas en toucher afin d’améliorer son retour sur investissement.

  1. L’allocation de capital
  2. Propriétaire ?
  3. Un exemple pratique

L’allocation de capital

Tous les ans, les entreprises calculent leur résultat comptable : s’il est positif, alors l’entreprise a généré des bénéfices sinon elle a perdu de l’argent.

Lorsqu’une entreprise est bénéficiaire, elle a deux choix (non mutuellement exclusifs) :

  1. soit elle conserve ses bénéfices pour elle même : on appelle ce principe la mise en réserve
  2. soit elle en reverse une partie à ses actionnaires : cela se traduit par un versement de dividendes

Lorsqu’elle effectue une mise en réserve des bénéfices, différentes options s’offrent à elle :

  1. elle peut les placer en banque si elle juge que l’avenir proche pourrait être difficile : ainsi, si un problème temporaire survient (baisse des ventes par exemple), elle pourra y faire face sans avoir recourt à un coûteux financement externe (prêt bancaire par exemple)
  2. elle peut les ré-investir directement dans son exploitation (renouvellement des machines, achat de nouvelles usines…) : l’objectif étant ici de maintenir voire d’améliorer les bénéfices futurs
  3. elle peut également acquérir une société concurrente ou complémentaire : dans ce cas, elle cherche à améliorer ses bénéfices futurs
  4. elle peut rembourser une partie de sa dette : ainsi, elle payera moins d’intérêts sur sa dette, ce qui augmentera les bénéfices futurs
  5. et enfin, elle peut choisir de racheter des actions lorsqu’elle estime que le cours est bas : ainsi, elle pourra soit les annuler (moins d’actions en circulation = plus de valeur pour les actionnaires), ou bien les utiliser ensuite comme monnaie d’échange (distribution d’actions aux employés, acquisition d’autres entreprises)

Ainsi, il existe au minimum 6 façons différentes d’utiliser les bénéfices et c’est à l’entreprise de décider qu’elle est la façon la plus intéressante pour elle ainsi que ses actionnaires.

Propriétaire ?

Etre actionnaire signifie être propriétaire d’un morceau d’une entreprise : ainsi, les actifs et les bénéfices (présents et futurs) nous appartiennent.

Lorsque l’on achète une action pour le long terme, il faut réfléchir comme si l’on était l’unique propriétaire de l’entreprise en se demandant ce qui serait le mieux pour l’avenir : percevoir un dividende fait toujours plaisir sur le court terme mais parfois ce n’est pas la solution la plus adaptée sur le long terme.

En théorie, une entreprise ayant une allocation de capital parfaite ne versera un dividende à ses actionnaires uniquement si elle ne peut pas ré-investir plus efficacement ses bénéfices.

En pratique, l’allocation de capital est rarement optimale et parfois le versement de dividendes permet de fidéliser son actionnariat.

Un exemple pratique

Prenons l’exemple d’une entreprise dont nous sommes actionnaires ayant un retour sur capitaux investis de 12% durant les 10 dernières années.

Dit autrement : la société est capable faire fructifier l’argent investi (dont les bénéfices mis en réserve font partis) au taux de 12% par an. Pas mal comme placement non ?

Si elle nous versait un dividende, nous en perdrions déjà une partie en payant la fiscalité induite selon le support utilisé (PEA ou compte-titres) : entre 15,5% dans le meilleur des cas jusqu’à plus de 40% du montant du dividende versé.

Ensuite, il faudrait trouver un nouvel investissement pour faire fructifier les dividendes perçus : est-ce forcément simple de trouver un investissement à 12% net ? Cela va demander du temps, du travail et l’on risque de se tromper. Alors qu’à l’origine, on avait déjà sous la main ce type d’investissement. Dommage non ?

Ainsi, il peut être judicieux dans certaines situations de ne pas toucher de dividendes, de laisser l’entreprise réinvestir ses bénéfices (dont nous sommes propriétaire je rappelle) années après années, et de revendre plus tard en encaissant une plus-value : au fil des ans, l’entreprise générera de plus en plus de bénéfices grâce au capital ré-investi et notre morceau d’entreprise vaudra (normalement) de plus en plus cher sur les marchés financiers.

Bien sûr, cette stratégie est intéressante lorsque l’on cherche à faire grossir son patrimoine.

Lorsqu’il est déjà constitué et que l’on cherche des revenus périodiques (retraités ou rentiers) pour les consommer, alors les dividendes deviennent nécessaires et parfaitement adaptés à votre situation.

A bientôt 🙂

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8 Commentaires

  1. Salut Phil,

    J’aime beaucoup une chose que tu dis et qui pour moi est fondamentale lorsque l’on achète des actions on achète une part de l’entreprise.
    Et on devient donc copropriétaire de la société…
    Ce raisonnement ne fonctionne que quand on investis sur le long terme mais je trouve qu’il est sain et réfléchi.

    Pour en revenir au dividende c’est sûr qu’on aime bien en recevoir moi le premier 🙂 !
    Mais si on me pose la question de refuser des dividendes pour pouvoir investir ou maintenir des emplois je répondrais sans hésiter oui.
    Pour la première car comme tu le dis ça devrait faire monter le prix de l’action et donc de notre patrimoine, et pour la seconde car je pense qu’il n’y a pas que l’argent et qu’une société se doit d’être responsable via à vis de la société.

    Il y a aussi des sociétés qui arrivent à bien performer sur la durée en augmentant le prix de l’action mais également du dividende ce qui permet de jouer sur les deux tableaux pendant un petit moment.
    Je pense notamment à Air Liquide par exemple.

    Marc.

    • Bonjour Marc,

      Etant en phase de constitution de patrimoine, je n’ai pas besoin de revenus dans l’immédiat donc je laisse bien volontiers mes investissements capitaliser années après années 🙂
      Dans l’idéal, je préfère qu’une entreprise ne me verse aucun dividende et qu’elle le ré-investisse (si elle le peut bien sûr), surtout sur mon compte-titre où la fiscalité est très pénalisante.

      Concernant Air Liquide, le dividende et le bonus lié à la durée de détention (plus de 2 ans je crois) sont une façon de fidéliser l’actionnariat.
      Après, il ne faut pas oublier qu’il faut ré-investir ce capital perçu, et donc trouver de nouvelles opportunités… Ce n’est pas toujours évident ! J’aime bien que l’entreprise le fasse à ma place 😀

      Cordialement,
      Phil

  2. Voilà une comparaison pertinente qui ne m’avait pas effleuré l’esprit ! Merci à toi pour le partage et cet éclairage nouveau sur les dividendes.

  3. Bonjour!

    Excellent article!

    Personnellement, je recherche des entreprises avec un rendement de l’avoir des actionnaires supérieur à 15%. Donc, lorsque j’ai la chance de devenir actionnaire d’une telle entreprise, qui en plus, possède un bilan sain et une rentabilité supérieure, je souhaite plutôt qu’elle réinvestisse tous ses bénéfices dans les opérations plutôt que de verser un dividende.

    Martin
    http://www.investir-a-la-bourse.com

  4. ben tu peux aussi racheter les mêmes actions avec les dividendes perçus!

    • Oui mais dans ce cas, on risque de payer des taxes (impôts et/ou cotisations sociales) et des frais de courtage.
      Quand je perçois 1€, je préfère réinvestir 1€. Pas 50 centimes 🙂

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