Les forces et faiblesses du PER

Les forces et faiblesses du PERAujourd’hui, nous allons continuer notre découverte de termes boursiers en nous intéressant à un ratio très apprécié des investisseurs pour valoriser une entreprise : le Price Earnings Ratio, autrement abrégé PER.

  1. Définition
  2. Les limites du ratio

Définition

Le Price Earnings Ratio (PER), ou ratio cours sur bénéfices en français, est un indicateur boursier populaire de par sa simplicité de calcul :

PER = capitalisation boursière / bénéfices nets annuels

La capitalisation boursière se définit de la façon suivante :

Capitalisation boursière = nombre d’actions en circulation x prix d’une action

Les bénéfices nets annuels sont issus du compte de résultat et représentent les profits générés par l’entreprise lors du dernier exercice d’une durée de douze mois.

A noter que la formule du PER peut également se calculer de la façon suivante (en simplifiant par le nombre d’actions) :

PER = capitalisation boursière / bénéfices nets annuels
PER = prix d’une action / bénéfices annuels par action

Le PER peut s’interpréter des manières suivantes :

  • combien de fois un investisseur est-il prêt à payer les bénéfices annuels de l’entreprise pour acquérir une action ?
  • en combien d’années serait remboursé un investisseur si les bénéfices demeuraient stables et étaient intégralement retournés aux actionnaires sous forme de dividendes ? (on notera ici 2 hypothèses fortes)

Ainsi, ce ratio permet de comparer la cherté d’une action par rapport aux actions des entreprises du même secteur.

Par exemple, lorsque l’entreprise pétrolière Total affiche un PER de 11,8 et que son concurrent Exxon Mobil un PER de 13,2 alors l’entreprise française semble à première vue moins chère que l’entreprise américaine.

Facile non ? en plus, ce ratio est consultable sur tous les sites financiers de la planète !

Les limites du ratio

Bien que le PER soit facilement calculable et compréhensible, il n’en demeure pas moins perfectible et ne permet pas à lui seul de comparer des entreprises entre elles.

Tout d’abord, ce ratio se base sur les bénéfices annuels.
On peut légitimement se poser quelques questions :

  • Est-ce que les derniers bénéfices annuels sont représentatifs des profits normalisés de l’entreprise ? Par exemple, si une société réalise une vente exceptionnelle de son siège social, alors ses bénéfices de l’année vont être gonflés par un élément qui ne se reproduira sans doute plus avant un bon nombre d’années. C’est encore plus vrai avec les entreprises cycliques dont les bénéfices fluctuent fortement.
  • Les bénéfices comptables traduisent parfois assez mal l’argent généré par l’exploitation de l’entreprise. Or, l’argent est clairement le nerf de la guerre pour les entreprises.
  • Selon les normes comptables utilisées, qui varient d’un pays à l’autre, il est possible de masquer à court terme certains problèmes rencontrés afin de faire ressortir un résultat comptable conforme aux attentes.

Ensuite, le PER se base sur la capitalisation boursière : elle représente la valeur sur les marchés financiers des capitaux propres apportés par les actionnaires. Or, les bénéfices ont été réalisés grâce aux financements provenant des actionnaires (les capitaux propres) mais aussi provenant des prêteurs (dettes). Ainsi, l’endettement de l’entreprise n’est pas pris en compte dans le calcul du PER : on y intègre la totalité des bénéfices et on ne prend en compte qu’une partie du financement utilisé. C’est clairement avantageux pour les entreprises endettées et donc potentiellement plus risqué.

Enfin, le PER n’est utilisable que sur les sociétés bénéficiaires dans l’année. Par définition, une entreprise qui enregistre des pertes n’a pas de PER et ne peut donc pas être comparée via ce ratio. Ce n’est pas parce qu’une entreprise rencontre quelques difficultés temporaires (à chaque investisseur de le vérifier) qu’elle ne deviendra pas un bon investissement par la suite.

A bientôt 🙂

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6 Commentaires

  1. Bonjour Phil,

    Cette petite explication complète parfaitement le premier mooc sur l’évaluation financière d’une entreprise 🙂 Merci pour ces explications claires, reste à expérimenter pour bien se rendre compte de ce qu’est un bon PER!

    A+

    • Merci Jay 😀

      N’hésite pas à jeter un oeil sur le second MOOC, orienté analyse financière.
      J’en suis à la 3ème semaine et il est vraiment excellent 🙂

      Cordialement,
      Phil

  2. Salut Phil,

    Merci pour cette synthèse claire et concise sur le PER.
    Le PER est un très bon indicateur pour jauger les sociétés.
    Mais il est perfectible et les pistes que tu donnes le complète bien.

    Quel type d’indicateurs utilises-tu en plus de ceux que tu donnes dans l’article ?

    • Bonjour Marc,

      A vrai dire, je n’utilise pas un seul indicateur mais plutôt une multitude selon les cas.
      Pour estimer la cherté d’une entreprise, après une analyse complète, j’aime bien utiliser EV/FCF (entreprise value/free cash flow).
      Mais à mon sens, on ne peut pas analyser une entreprise uniquement sur quelques ratios. Il y a tellement de chose à comprendre/vérifier…

      Cordialement,
      Phil

  3. Bonjour Phil, et merci pour cet article.

    Tu as la capacité à expliquer les choses de manière limpide.

    Pour rendre plus juste le PER, on peut simplement remplacer :
    – la capitalisation par la valeur d’entreprise. VE = capitalisation – cash + dettes. On prend ainsi en compte la structure financière de l’entreprise. 2 sociétés tout à fait comparables, ayant le même PER, ne sont pas tout à fait comparables, si l’on sait que la première est bourrée de cash et la seconde criblée de dettes.
    – le résultat net par le résultat opérationnel (EBIT). Il s’agit du résultat de l’entreprise avant impôts et paiement des intérêts de la dette, hors élément exceptionnel, comme l’a souligné Phil à juste titre. Cette information est toujours présente dans le compte de résultat d’une société. C’est facile à trouver.

    Pour donner plus de pertinence à ce ratio, je préfère son inverse (bénéfices/prix) que Benjamin Graham a nommé « earning yield » (rendement des bénéfices) qui se rapprochera donc d’un rendement locatif brut pour un appartement. Ainsi vous pourrez comparer des choses à priori non comparables (contrat d’assurance vie, appartement en location, livret A…)

    Pour une entreprise donnée :
    – capitalisation boursière de 100M€
    – 20M€ de cash et 30M€ de dettes
    – la VE ressort donc à 100-20+30 = 110M€
    – Ebit de 10M€
    – Résultat net 6M€

    PER = 16.7
    VE/EBIT = 11,1 ou encore un « rendement locatif » de 9% (10/110).

    (attention, le fait que VE/Ebit soir plus bas que le PER ne signifie rien en soit, ce sont deux grandeurs que l’on ne peut pas comparer par définition).

    Et il s’avère que le marché nous propose parfois des sociétés à des rendements locatifs de 20, 30 ou même 50%. Mieux qu’un appartement, non ?

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