PEA et dividendes européens font-ils bon ménage ? (MAJ 2020)

PEA et dividendes européensIl y a trois semaines, je vous avais parlé de la fiscalité des dividendes étrangers au sein d’un compte titre.

Nous avions vu que les états étrangers prélevaient à la source un certain pourcentage du dividende et que cette perte pour l’actionnaire pouvait être plus ou moins compensée par un crédit d’impôt.

Peut-on faire la même chose avec un plan d’épargne action, autrement appelé PEA ?

  1. Le crédit d’impôt
  2. La fiscalité des dividendes des sociétés étrangères
  3. Un petit exemple pour illustrer
  4. En bref

Le crédit d’impôt

A contrario du compte titre, il n’est pas possible dans un PEA de bénéficier du crédit d’impôt pour compenser les prélèvements à la source sur les dividendes européens.

Vous allez me dire « Mais si un état étranger opère un prélèvement à la source de X % sur un dividende d’une de ses sociétés, alors ces X % sont perdus pour l’actionnaire français ? »
Tout à fait ! C’est la magie de la fiscalité internationale 🙂

La fiscalité des dividendes des sociétés européennes

Notez bien que seules les actions européennes sont éligibles au PEA.

Ci-dessous, le tableau résumant les retenues à la source sur les dividendes provenant de pays européens, ainsi que le crédit d’impôt associé dans le cadre d’un PEA. Ces données sont extraites de la déclaration cerfa 2047 concernant les revenus encaissés à l’étranger par un contribuable français.

Pays Retenue à la source * Crédit d’impôt ** Perte non récupérable / dividende brut ***
Allemagne 26,375 % 0 % 26,375 %
Angleterre 0 % 0 % 0 %
Autriche 27,5 % 0 % 27,5 %
Belgique 30 % 0 % 30 %
Espagne 19 % 0 % 19 %
Italie 26 % 0 % 26 %
Portugal 25 % 0 % 25 %
Pays-Bas 15 % 0 % 15 %
Mise à jour en 2020 : les taux de prélèvement à la source m’ont été communiqués par Binck. Il se peut que ces taux varient d’un courtier à l’autre, certains ne s’embêtant pas avec la fiscalité de chaque pays, ils préféreront vous facturer un taux forfaitaire (en votre défaveur bien entendu). Soyez vigilants.

* La retenue à la source s’applique sur le montant brut du dividende versé
** Aucun crédit d’impôt n’est applicable au sein d’un PEA
*** Perte non récupérable sur le dividende brut = retenue à la source. A noter qu’en fonction de la convention fiscale signée entre ce pays et la France, il semble possible de s’en faire rembourser une partie en contactant l’administration fiscale du pays étranger.

Un petit exemple pour illustrer

Un actionnaire français possède 100 actions d’une société allemande dans son PEA.

En 2012, la société décide de verser 1€ par action, soit 100€ de dividende à notre actionnaire.

1) La société verse 100€ (dividende brut)

2) L’Etat allemand prélève à la source 26,375% du dividende soit 26,375 € (dividende net du prélèvement à la source)

3) Notre actionnaire reçoit finalement 100 – 26,375 = 73,625 €.

Il n’a pas la possibilité de récupérer une partie des 26,375 € payés à l’état allemand via un crédit d’impôt comme on pourrait le faire avec un compte titre.

Enfin, lorsqu’il retirera son argent du PEA, il devra également payer l’imposition française.
Ainsi, le dividende de notre actionnaire aura été doublement imposé (en Allemagne puis en France).

En bref

Si vous voulez constituer un portefeuille orienté dividende dans un PEA, évaluez bien la retenue à la source du pays hôte. Cette « taxe » peut « manger » une bonne partie de votre performance, et il est nécessaire de bien la prendre en compte lors de votre calcul du rendement escompté.

Enfin, si vous achetez des actions européennes pour faire des plus values, alors n’hésitez pas à les loger dans votre PEA : elles seront taxées exactement comme les actions françaises, sans retenue à la source des autres états.

La diversification géographique c’est bien mais pas à n’importe quel prix 🙂

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36 Commentaires

  1. Les action USA éligible au PEA ??? Depuis quand ?

    Tu ne parles pas des prélèvement sociaux qui grève les dividendes dans un CT, qui sont de 15%
    qui relativise ainsi la non récupérations des dividendes étranger dont tu parles.

    La diversification géographique est primoridale.
    Les dividend aristocrats sont pour une bonne partie Américains avec un historique de dividendes croissant sur les 30 dernières années.

    Je trouve tes conclusions un peu hâtives

    • Bonjour,

      Les actions US ne sont bien évidemment pas éligibles dans un PEA, c’était une erreur liée à mon article précédent sur le CTO. C’est corrigé, merci.

      Tes remarques sont tout à fait pertinentes, j’ai nuancé ma conclusion.

      Bonne soirée

  2. Bonjour Phil,

    Superbe article sur la fiscalité !!

    Vu l’énorme taxation actuelle en sans cesse en augmentation sur les plus-values (34,50%) et les dividendes, je pense que pour investir efficacement en Bourse, il faut mettre l’aspect fiscal au premier plan.

    C’est pourquoi, je préconise à mes lecteurs d’investir leur capital boursier dans un PEA et nulle par ailleurs.

    De plus, j’insiste sur la nécessité d’acheter des actions françaises et rien d’autres.

    Alexandre

  3. Bonsoir,

    Malgré la double imposition des dividendes des actions étrangères, cela ne m’empêchera pas d’en acheter car dans l’intérêt de l’actionnaire, ce qui compte c’est la création de valeur. De plus, il serait dommageable de ne pas en avoir dans son portefeuille du fait qu’il y a de superbes entreprises qui arrivent à faire des bénéfices que ce soit le scénario économique (Coca Cola, IBM, McDonald’s, Nestlé, Reckitt Benckiser etc…).
    Ainsi, il ne faudrait pas que cette double imposition incite le peu d’actionnaires sur notre sol, à investir de façon patriotique sachant que c’est une des principales erreurs qui nous empêche de gagner en Bourse. Bref, le repli sur soi est à l’image de la France. Un moment donné, dans nos investissements, avoir une ouverture d’esprit peut nous aider plutôt que se réfugier sur nos acquis ou nos repères.

    Cordialement,

    Sovanna Sek de GenY Finances.

    • Bonjour Sovanna,
      Tu as raison : la double imposition ne doit pas empêcher l’actionnaire d’investir à l’étranger.
      Par contre, l’actionnaire se doit d’être au courant des différentes taxes étrangères afin d’évaluer si son investissement est intéressant ou non.
      Merci pour ton commentaire
      Bonne journée

      • Autre inconvénient pour un investissement sur les valeurs US : Dépendance sur la parité €/$

        Attention : Je ne suis pas nationaliste à ce point, mais comme je n’arrive pas à choisir entre les 500 actions que composent le DJ et que je ne possède pas un gros portefeuille, je préfère investir sur le tracker Dow jones et sur celui du Nasdaq (éligibles dans le PEA).

        Alexandre

  4. L’Angleterre et les Pays bas seraient donc les pays à favoriser ou bien il y a d’autres critères à prendre en compte autre que la retenu ? Merci de votre réponse

    • Bonjour Romuald,
      Les actions anglaises et hollandaises sont celles qui souffrent le moins de retenue à la source. Cependant, ce critère ne doit absolument pas être le seul argument de votre choix d’investissement.
      A mon sens, il vaut mieux choisir une excellente société dans un pays fortement taxé, qu’une société moisie dans un pays sans retenue à la source.
      Vous investissez avant tout dans des sociétés, la fiscalité passe après, même s’il ne faut pas la négliger dans votre calcul 🙂
      L’objectif de l’article est que chaque investisseur se souvienne de la retenue à la source de chaque pays. Après ce n’est pas parce que vous perdrez %X sur un dividende, qu’il ne faut pas choisir un pays en particulier.
      Par contre, si vous avez 2 sociétés dites semblables dans 2 pays différents, alors il peut être judicieux d’investir dans celle qui se trouve dans le pays moins taxé.
      J’espère que je suis clair 🙂

      Bonne soirée

  5. Pierre-Antoine@Investissements

    Bonjour Phil,

    Je découvre ton blog avec plaisir 😉

    Concernant cet article sur la fiscalité et les dividendes, je pense que pour quelqu’un dont l’obtention de revenus via les dividendes est l’objectif premier alors il faut regarder de près ces informations.

    Dans la plupart des cas (surtout au sein du PEA), les dividendes obtenus grâce aux actions Françaises seront plus intéressants.

    Bonne journée!

    Pierre-Antoine

  6. Eh bien voilà qui prouve une fois de plus que la Suisse et ses sociétés ne sont pas attractives d’un point de vue fiscal pour les européens. Avec la disparition du secret bancaire imposée par les autres pays, les Etats-Unis en tête, le vols de CD contenant des informations sur les clients étrangers des banques suisses, la modification de droit de succession des résidents français en Suisse, l’eldorado helvétique se transforme en un véritable enfer fiscal pour les non résidents. C’est vraiment regrettable…

    • Bonjour Jérôme,
      Tu es bien matinal en ce dimanche matin 🙂
      La fiscalité suisse sur les dividendes au sein d’un PEA peut calmer les ardeurs de bons nombres d’investisseurs français. Celle du compte titre est un peu moins pire dirons nous (23 % de mémoire, grâce au crédit d’impôt).
      Personnellement, j’investirai tout de même dans des sociétés suisses afin d’exposer mon portefeuille à une monnaie différente, le franc suisse.
      Bon dimanche

  7. Taxons taxons taxons …

    Des fois, c’est à se demander à quoi ça sert d’investir … Mais bon, faisons avec. Et ce qu’on retirera de nos investissements, ce sera déjà ça 🙂

    Je ne connaissais pas cette taxe. Je vais donc me coucher moins con ce soir et me lever plus affûté demain pour mes placements 🙂

     » si vous achetez des actions européennes pour faire des plus values, alors n’hésitez pas à les loger dans votre PEA : elles seront taxées exactement comme les actions françaises, sans retenue à la source des autres états » => De toute façon, on touchera quand même les éventuels dividendes. Ils seront taxés 🙂 Autant considérer ce qu’il restera comme une petite prime supplémentaire …

    • Bonjour Grégory,
      Je vous rejoins sur le fait que l’on ne fait rien pour que les épargnants investissent en bourse avec des taxes de plus en plus élevées.
      Bonne journée

  8. Bonjour,

    Merci pour ces articles importants (pea et cto). On ne pense pas forcément d’emblée qu’il est logique que l’état source fasse sont prélèvement alors que c’est bien une entreprise et des salariés de sa juridiction qui sont à l’origine de la création de richesse ; alors qu’on pense à l’inverse à notre imposition en France qui finalement est moins logique sauf en terme de revenu imposable).

    Dommage que le PEA n’est pas ouvert aux actions hors de l’UE. Au contraire d’Alexandre dans l’article sur les CTO, je trouve que la Bourse de Paris ne donne pas suffisamment de possibilité seule. Il y a des entreprises très intéressantes ailleurs, qui donne envie d’investir, et qui donne satisfaction à tout point de vue (diversification, intérêt pour l’entreprise ou le secteur d’activité, et même des rendements supérieur aux établissements français (dans le cas des entreprises que j’ai en portefeuille, du à un prélèvement faible comme les Pays-Bas ou des PRU faible avec des dividendes élevés sur Lisbonne). J’aurai aimé pouvoir intégrer des entreprises des USA, d’Asie ou d’ailleurs (même par trackers).

    Bonne journée.
    Gilles

    • Bonjour Gilles,

      Je vous rejoins totalement sur le fait que les valeurs françaises ne sont suffisantes pour se construire un beau portefeuille solide.
      Il y a quand même une multitudes de très belles entreprises hors Europe, côté US notamment, affichant une sacrée solidité financière et une rentabilité exceptionnelle…
      Il serait dommage de s’en priver à mon humble avis 🙂

      Au plaisir,
      Phil

  9. Bonjour,

    Pour ma part, sur 11 valeurs actuellement en portefeuille apportant des dividendes régulièrement, j’en ai 2 sur Lisbonne et 2 sur Amsterdam. En tenant compte de la dépression de l’actif investie et en retirant les retours hors normes tels que le dernier versement de Naxitis, le rendement de mes 4 valeurs étrangères sont tout simplement supérieurs de 3.7 points pour cette année malgré le prélèvement à la source…

    Pour faire le lien avec l’article sur le choix du courtier, il est par contre dommage que certaines places soit facturées au minimum ou au forfait par les courtiers au sein même de la zone euro ; je regrette particulièrement pour Xetra autant chez Binck que chez BourseDirect et Lisbonne chez ce dernier.

    Bonne journée.
    Gilles

    • Bonjour Gilles,

      Il est effectivement dommage que certaines bourses européennes soient si chères notamment LSE, XETRA…
      On se retrouve obligé de constituer une ligne importante (supérieure à 2 500€) pour ne pas trop sentir les frais de courtages.
      En espérant que ça évolue dans le bon sens d’ici quelques temps 🙂

      Cordialement,
      Phil

  10. Bonjour,

    J’aimerais continuer à nuancer la conclusion de cet article si vous me le permettez 🙂 !

    Comme seul le sujet du prélèvement à la source et du crédit d’impot est abordé, il me semble que cet article est nécessairement biaisé en défaveur du PEA.

    Si vous intégrez la fiscalité complète à votre exemple, la détention de l’action allemande au sein d’un PEA devient (avec les chiffres actuels) intéressante dès que le taux marginal d’imposition est supérieur ou égal à 40%.

    Je me suis amusé à dérouler le calcul sur ce genre de cas dans mon article et on s’aperçoit que ce n’est pas tellement la retenue à la source qui est importante (26.375% pour l’Allemagne), mais plutôt le crédit d’impôt (17.7% pour l’Allemagne).

    Cordialement,

    R.

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