Valoriser une entreprise selon son free cash flow

Valoriser une entreprise selon son free cash flowDernièrement, j’ai rédigé de nombreux articles pour vous aider à valoriser les entreprises afin que vous puissiez acheter vos actions à un juste prix, selon les principes de l’investissement dans la valeur :

Aujourd’hui, je vais vous exposer une autre méthode de valorisation un peu plus intuitive : la valorisation selon le free cash flow généré par l’entreprise.

  1. Rappel sur le free cash flow
  2. La méthode de valorisation
  3. Les limites de la méthode

Rappel sur le free cash flow

La méthode de valorisation que je vous propose aujourd’hui est basée sur le free cash flow.

Pour rappel, le free cash flow représente la capacité d’une entreprise à générer de l’argent grâce à son activité courante, une fois que les investissements lourds de maintien et de croissance de la production ont été financés. Cette trésorerie disponible peut être utilisée pour payer les dettes de l’entreprise, opérer une croissance externe (absorber une entreprise) et/ou rémunérer les actionnaires.

Cet indicateur permet de mesurer la santé financière et la profitabilité réelle d’une entreprise : au contraire du résultat comptable, le free cash flow, qui représente des liquidités tangibles, est difficilement manipulable par divers artifices financiers.

La méthode de valorisation

Pour valoriser une entreprise selon ses free cash flow, nous allons utiliser la formule suivante :

Valeur réelle d’une entreprise = free cash flow x coefficient multiplicateur

Etant donné qu’il est relativement aisé de calculer le free cash flow, il ne reste plus qu’à déterminer le coefficient multiplicateur : ce dernier veut simplement dire « combien de fois suis-je prêt à payer les free cash flow pour devenir propriétaire de cette entreprise ? »

En fonction de la santé financière, de la profitabilité, et de la présence ou non d’avantages concurrentiels pérennes, nous en déduirons la qualité du business de la société, nous permettant ensuite d’estimer au mieux le coefficient multiplicateur.

Il n’existe pas de recette magique mais suite à différents échanges et lectures, je me suis établi le tableau de correspondances suivant :

Qualité du business Avantages compétitifs durables ? Coefficient multiplicateur
Faible Non 5-6
Bonne mais activité cyclique Oui 10-11
Bonne Oui 12-13
Excellente Oui 14-15

On remarquera que la présence d’avantages compétitifs durables donne une véritable valeur aux free cash flow générés par l’entreprise : en effet, étant donné qu’ils sont généralement constants et réguliers pour ce type de société, ils ont ainsi une valorisation plus importante.

Une fois que vous avez déterminé ce coefficient, vous pouvez déterminer la valeur réelle de l’entreprise selon ses « free cash flow ».

Pour savoir quel est la valeur réelle d’une action de cette entreprise, il suffit d’effectuer le calcul suivant :

Valeur réelle d’une action = valeur réelle de l’entreprise / nombre d’actions en circulation

Enfin, n’oubliez jamais de prendre une marge sécurité suffisante avant d’acheter une action : l’écart entre le prix d’achat et la valeur réelle se doit d’être au minimum de 20% jusqu’à 50% (voire plus dans certains cas).

Les limites de la méthode

Comme toutes les méthodes de valorisation, celle-ci n’est pas parfaite mais elle permet néanmoins de se donner rapidement un ordre d’idée de la valeur intrinsèque d’une entreprise.

Personnellement, je ne l’applique que lorsque les free cash flow sont générés de manière constante sur une longue période (10 ans). Il est délicat de donner une « valeur » à ces derniers lorsqu’ils sont très fluctuants (positivement et négativement). Ainsi, les entreprises possédant des avantages concurrentiels se prêtent généralement assez bien à ce type de valorisation.

Enfin, n’hésitez pas à confronter différentes méthodes de valorisation afin d’estimer la valeur réelle d’une entreprise la plus juste possible !

Valorisez bien 🙂

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2 Commentaires

  1. Bonjour Phil,

    Tu dis investir seulement « lorsque les free cash flow sont générés de manière constante sur une longue période (10 ans) », ce que je conçois tout à fait.
    Ceci dit, cela peut-être intéressant d’investir dans une société dont le CF est « régulier » sur 10 ans mais irrégulier sur une période courte.
    Prenons l’exemple d’une entreprise qui réalise un grosse opération de croissance externe ou change de siège immobilier. Son FCF sera fortement impacté…temporairement, c’est peut-être le moment d’acheter, non ?

    Pour le reste de la valorisation, pourquoi ne pas prendre en considération la position vis à vis de la dette nette ?
    On ne peut pas , à mon humble avis, assigner la même valorisation si la société n’a pas de dettes et beaucoup de cash au bilan…et inversement…

    • Bonjour Etienne,

      Ta remarque est tout à fait pertinente, je me suis sans doute mal exprimé. Je voulais en fait mettre l’accent sur le côté très fluctuant du FCF.
      Si sur 10 ans, 7-8 sont réguliers et 2-3 sont moindres, alors cela reflétera sans doute une phase d’investissement intensive. C’est n’est pas un problème du tout. Je souhaite juste éviter des entreprise générant des FCF complètement instables, à cause sans doute d’un business ultra-compétitif et/ou très consommateur de capex.

      Ensuite, je prends effectivement en compte la solidité d’un bilan (en plus de la rentabilité et des avantages concurrentiels) et j’ajuste mon coefficient multiplicateur en fonction.

      Mais à la base, j’utilise mon simple tableau comme base, puis j’ajuste en fonction.
      Jamais de recette magique sinon ça serait trop simple 😀

      Bonne soirée,
      Phil

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