Vaut-il mieux ouvrir un PEA ou un compte-titres ?

Vaut-il mieux ouvrir un PEA ou un compte-titres ?En voilà une question qui revient souvent lorsque l’on souhaite investir en bourse : dois-je plutôt ouvrir un plan épargne action (PEA) ou bien un compte-titre (CTO) ?

Cette interrogation est tout à fait légitime et je pense que chaque investisseur boursier a eu un jour à résoudre ce « dilemme ».

Pour vous aider à y voir plus clair, je vais établir un tableau comparatif puis je répondrai aux questions classiques sur ce sujet.

  1. Un comparatif pour mieux choisir
  2. Questions / réponses

Un comparatif pour mieux choisir

Il y a un an et demi, je vous avais déjà proposé un comparatif entre PEA et compte-titres.

Cependant, avec la fiscalité qui a fortement évolué en 2013 (surtout pour le compte-titres), je vous en propose aujourd’hui une version actualisée.

Le plan épargne actions (PEA)

PEA Description Note
Plafond 132 000 € par personne, 264 000 € pour un couple
Nombre d’ouvertures 1 PEA par personne, 2 par foyer fiscal
Valeurs mobilières éligibles Actions européennes
SICAV composées de 60% de titres éligibles
FCP composés de 75% de titres éligibles
Tracker actions de droit européen
Fiscalité Vous ne payez les impôts et les cotisations sociales qu’au moment où vous retirez vos fonds du PEA.

Age du PEA Imposition des gains CSG
0-2 ans 22,5% 15,5%
2-5 ans 19% 15,5%
Après 5 ans 0% 15,5%
Double imposition des dividendes étrangers Non récupérable
Disponibilité des fonds Les fonds sont toujours disponibles mais si vous les retirez avant que votre PEA ait atteint l’âge de 8 ans, il sera automatiquement fermé
Vente à découvert Non autorisée
Transférable Oui

Le compte-titres (CTO)

CTO Description Note
Plafond Aucun
Nombre d’ouvertures Illimitée
Valeurs mobilières éligibles Actions
Obligations
SICAV
FCP
Tracker
Produits dérivés
Fiscalité Imposition et cotisations sociales dès le premier euro.

Type de gain Imposition des gains Cotisations sociales
Plus value IR avec abattement selon la durée de détention :
entre 2 et 4 ans : 20% d’abattement
entre 4 et 6 ans : 30% d’abattement
au délà : 40% d’abattement
15,5%
Coupons IR (avec acompte* de 24%)
ou PFL (24%) si vous touchez moins de 2k€ d’intérêts par an
15,5%
Dividendes IR (avec acompte** de 21%) avec abattement de 40% 15,5%
Double imposition des dividendes étrangers Récupérable totalement ou en partie
Disponibilité des fonds Les fonds sont toujours disponibles
Vente à découvert Autorisée
Transférable Oui

* L’acompte sur les intérêts n’est dû que si le revenu fiscal de référence du foyer dépasse les 50k € (ou 25k€ pour un célibataire).

** L’acompte sur les dividendes n’est dû que si le revenu fiscal de référence du foyer dépasse les 75k € (ou 50k€ pour un célibataire).

Questions / réponses

Voici sans plus tarder quelques questions classiques liées au choix du support d’investissement.

Je n’y connais strictement rien à la bourse, je dois ouvrir un PEA ou un compte-titres ?

A mon humble avis, si vous n’y connaissez rien à l’investissement boursier, le mieux est de commencer d’abord par vous former afin d’acquérir une philosophie d’investissement solide. Investir à l’aveugle quel que soit le support d’investissement choisi mènera à la même chose : une belle catastrophe 🙂

Quelles sont les différences principales entre ces deux supports ?

Avec le PEA, on peut uniquement acheter des actions ou des fonds européens alors qu’avec un compte-titres, il n’existe pas de limitation géographique. De plus, sur un compte-titre, il est possible d’y loger des obligations.

Niveau fiscalité, le PEA a clairement l’avantage puisque les gains sont taxés uniquement lors des retraits de capitaux : l’effet boule de neige est maximal. Sur un compte-titres, dès que l’on perçoit un euro de gain (plus-value, dividende ou coupon), on est immédiatement taxé.

Enfin, notez que plus le PEA est ancien, moins il est taxé : au bout de 5 ans, on ne paye plus que les cotisations sociales sur les gains réalisés.

Je souhaite me constituer un portefeuille orienté dividendes, quel est le meilleur choix ?

Il semble difficile de construire un portefeuille solide sans diversification géographique : ainsi, il peut être judicieux de commencer avec quelques excellentes actions américaines ainsi que quelques européennes par exemple.

Dans ce cas, la logique voudrait que l’on glisse les actions européennes dans un PEA (pour profiter de la fiscalité avantageuse), et les actions hors-europe dans un compte-titres.

Il faut néanmoins savoir que lorsque des dividendes étrangers sont perçus, ils subissent généralement une double taxation : une à la source dans le pays d’origine, et une autre en France. Dans un compte-titres, il est possible de récupérer tout ou une partie de la taxation à la source, alors que dans un PEA c’est impossible. C’est un point à ne pas négliger lors de vos calculs de rentabilité 🙂

Existe-il une différence au niveau de frais de courtage selon le support d’investissement ?

Et bien non ! Que vous achetiez des actions ou des obligations via un PEA ou un compte-titres, les frais de courtage chez un courtier seront exactement les mêmes. Ce ne sont que des « conteneurs » qui vont héberger vos titres. Ils n’influent en rien sur les ordres que vous aller passer en bourse.

Au final, tu me conseilles quoi : PEA ou compte-titres ?

Les deux mon capitaine !

Ce sont des supports complémentaires : le PEA est une niche fiscale intéressante pour les actions et les fonds européens tandis que le compte-titres est plus flexible et permet d’accueillir tous les titres disponibles sur les marchés financiers.

Etant donné qu’il est possible d’ouvrir ces deux supports avec très peu d’argent, il serait dommage de s’en passer !

A bientôt 🙂

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21 Commentaires

  1. Effectivement j’ai suivi ta conclusion puisque j’ai ouvert les 2 pour adopter 2 stratégies différentes : le PEA pour les actions que je souhaite garder sur le long terme avec versement de dividendes et le compte titres pour faire des « coups » sur du court/moyen terme sur des actions qui ne sont pas forcément accessibles via un PEA.

    • Bonjour Jérémy,

      Attention tout de même aux coups en bourse, sauf si tu as pleinement conscience que tu spécules et que tu ne risques qu’une petite partie de ton capital 🙂

      Cordialement,
      Phil

      • Oui tout à fait c’est pour cela que je préfère séparer les enveloppes et ne pas être tenté de tout investir sur un « coup » 😉 Du coup je mets un petit budget pour le compte titres et mes « vrais » investissements sur le PEA.

  2. Bonsoir,

    Trés interessant votre article comme toujours c’est clair et trés compréhensible,
    Cela répond a beaucoup de mes questions, j’apprécie grandement !

    Personellement je pense plus me diriger vers un PEA avec une stratégie de rendement,
    et profiter de son imposition favorable de celui ci passé cinq années …

    A bientot, Gaetan.

    • Bonsoir Gaetan,

      N’oubliez pas qu’il existe de très belles entreprises notamment aux Etats-Unis pour se construire un portefeuille avec des dividendes réguliers et croissants (Dividend Aristocrats).
      Il serait dommage de se limiter à l’Europe, voire à la France, juste pour l’aspect fiscal 🙂
      Ce qui est important c’est la qualité de l’entreprise choisie, quel que soit le pays de résidence.
      En tout cas, c’est mon humble avis 🙂

      Bonne soirée,
      Phil

  3. Je suis également d’avis qu’en combinant les 2, on gagne sur les 2 tableaux d’autant plus que c’est réellement faisable. Choisir entre l’un ou l’autre c’est s’exposer à un degré plus ou moins élevé de risques et en bourse mieux vaut vraiment être plus qu’un amateur si l’on tente l’aventure sur un seul type de compte.

  4. Salut Phil,

    Je te rejoints: le PEA et le CTO sont utiles pour differents objectifs et pour operer sur differents supports. Il est donc preferable de definir ses objectifs et les supports sur lesquels on compte investir avant de faire son choix entre le PEA ou le CTO.

    Ben

  5. Bonjour Phil,

    Le PEA va devenir au 01/01/14 plus attractif.
    Son plafond de versement va passer de 132 000 à 150 000 €, plus une rallonge de 75 000 € pour les investissements sur les PME ( il y a tellement de Small caps intéressantes).
    Pour un couple, cela va donc donner u plafond de versement de 450 000 € .
    En espérant que le PEA garde tous ses avantages fiscaux.

    PS: je voulais te féliciter pour la qualité de tes articles et de ton travail sur ce blog en général.

    A bientôt

    • Bonjour Pandhore,

      Merci pour ce complément judicieux.

      J’essaie de rédiger mes articles au mieux. Ravi que ça vous plaise 🙂

      Cordialement,
      Phil

      • Concernant la fiscalité du PEA, les dernières nouvelles ne sont pas bonnes du tout !!

        Voici un extrait d’un article sur investir.fr:

        « C’est donc en présentant le budget de la Sécurité sociale (PLFSS), au lendemain de la grande présentation du budget, qu’a été annoncée la modification du calcul des prélèvements sociaux sur le PEA. L’assurance-vie et le plan d’épargne logement sont également touchés. Au lieu de tenir compte de l’évolution de ces prélèvements, qui n’ont cessé d’augmenter au fil du temps (il fut même une époque heureuse, que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître, c’était avant 1996, où les PEA n’étaient soumis à aucun prélèvement), on vous imposera à 15,5 %, quelle que soit l’époque où ont été réalisées vos plus-values ou encaissés vos dividendes. Il s’agit là d’une mesure dont la rétroactivité est évidente et qui, selon certains fiscalistes, pourrait être contestée devant les tribunaux. En attendant, les banquiers, qui n’auront plus à réaliser des calculs complexes, s’en réjouissent sans doute mais pas les contribuables, qui se retrouvent piégés, puisque la mesure s’applique dès le 26 septembre, jour de l’annonce.

        Donc en parallèle avec le livret A ou l’on augmente le plafond de versement, pour mieux baisser son rendement, le gouvernement va tondre un peu plus l’investisseur  » bon père de famille » en appliquant la même politique sur le PEA, augmenter les plafonds de versement d’un côté et taxer davantage de l’autre.
        Penser relancer les entreprises françaises avec de telles mesures !!!!

      • Effectivement, ça pénalise principalement les anciennes plus values réalisées lorsque les cotisations sociales étaient plus basses.
        Après, ne sombrons pas dans le négativisme : les PEA et les assurances vies demeurent encore de belles niches fiscales.
        Et personnellement, toutes ces mesures ne m’empêcheront pas d’investir car j’aime ça tout simplement (j’aime investir hein, pas les taxes).

        Cordialement,
        Phil

      • Cela ne m’empêchera pas d’investir non plus, mais sur l’autel de la dette, il ne faudrait pas que ce soir toujours les mêmes qui soient taxés !

        Pour rester dans le même sujet ci dessous un article sur le PEA / PME :

        < Bourse : les gagnants et perdants du nouveau PEA-PME
        Une quarantaine de sociétés ayant une capitalisation inférieure ou proche de 1 milliard d’euros vont être exclues du PEA-PME.
        Quelles valeurs vont profiter du nouveau PEA-PME ? Maintenant que les détails de ce nouveau dispositif ont été annoncés, les spécialistes cherchent à anticiper son impact précis.
        D’après une étude de Gilbert Dupont, 424 sociétés cotées à Paris seraient éligibles à ce dispositif, sur un échantillon total de quelque 700 valeurs. Dans l’ensemble, toutes devraient bénéficier d’une augmentation des volumes. Dans l’hypothèse optimiste d’une collecte de 4,5 milliards d’euros sur ce PEA, les transactions pourraient augmenter de 23 %. « Et cela va très probablement s’accompagner d’une hausse des cours », précise Emmanuel Parot, analyste chez Gilbert Dupont.
        Toutefois, certaines « midcaps » vont davantage profiter que d’autres du PEA-PME, compte tenu de la définition retenue. En effet, comme l’avaient dévoilé « Les Echos » (19 septembre), Bercy a fait le choix de critères fondés sur ceux de l’Insee, et non des critères de capitalisation boursière, pour définir les PME et ETI (entreprise de taille intermédiaire). Précisément, moins de 5.000 salariés, un chiffre d’affaires n’excédant pas 1,5 milliard d’euros ou un total de bilan inférieur à 2 milliards.
        Le bureau de recherche estime que les valeurs les plus liquides vont être les premières bénéficiaires, avant que les gérants ne s’intéressent à de plus petites valeurs. Ainsi, plusieurs « grosses » sociétés, dans l’univers des ETI, vont être regardées de près par les gérants. Par exemple, Eutelsat (plus de 5 milliards d’euros de capitalisation), Rémy Cointreau (4 milliards), Eurotunnel (3,1 milliards) ou encore Ingenico (2,9 milliards d’euros).
        A l’inverse, une quarantaine de valeurs moyennes (1), au sens boursier du terme, ne seront pas éligibles au PEA-PME, d’après une autre étude d’IDMidcaps, en l’état actuel de la loi, du moins. « En général, lorsque les gérants français parlent de valeurs moyennes, ils visent les sociétés de moins de un milliard d’euros de capitalisation, mais cette définition et celle de l’Insee ne se recoupent pas totalement », explique Sébastien Faijean, directeur associé de la société d’analyse.
        Les loisirs particulièrement touchés
        Les sociétés « écartées » représentent ensemble une capitalisation boursière de plus de 25 milliards d’euros et un effectif total de 581.539 personnes «  Parmi celles-ci, il y a tout un pan des services, qui emploient beaucoup de main d’œuvre , et qui créent aussi de l’emploi », souligne-t-il. Plusieurs secteurs sont concernés : dans les transports ou la logistique (Norbert Dentressangle, ID Logistics par exemple), les services informatiques au sens large (Alten, Altran, GFI Informatique, etc.), les services aux entreprises (Derichebourg, Crit, etc.), la distribution (Fnac), le médical (Medica, etc.), l’agroalimentaire (Bonduelle) ou encore les équipementiers auto (MGI Coutier). Les loisirs sont particulièrement touchés (Club Méditerranée, Euro Disney, Partouche, etc.). « Des petites et moyennes valeurs qui auraient besoin de davantage de visibilité en Bourse deviennent de fait exclues de la poche sur les PME, s’inquiète-t-il.   Au final, l’univers des sociétés éligibles va être surreprésenté par la technologie, la santé, ainsi que la communication et les médias ».

        Ma valeur favorite, Thermador Groupe, devrait profiter de ce PEA / PME, à moins que la liquidité du titre ( moyenne de 1868 titres/ jour échangés en 2012 ) ne l'exclue ?
        Qu'en penses tu ?

      • Bonjour Pandhore,

        De ce que j’en ai compris, le PEA PME aura les mêmes avantages que le PEA mais il sera limité aux « petites et moyennes » entreprises. Pour moi, ce nouveau support n’a d’utilité que pour les personnes ayant déjà atteint le plafond de leur PEA. Quand on sait que l’immense majorité des PEA en est loin, je doute très sérieusement de l’impact annoncé sur les volumes…

        D’après les critères énoncés, il semble que THEP pourra profiter de ce nouveau support.

        Cordialement,
        Phil

      • Hello Phil,
        complètement d’accord avec la conclusion. Les deux ont leur utilité. Pour la fiscalité, il ne faut pas non plus lui accorder plus d’importance que ça. Je m’explique, si on a une action dont le prix offre une excellente marge de sécurité alors je n’hésiterai pas à l’acquérir même si il n’y a pas la protection du PEA.
        On a vu tout récemment que le PEA n’allait pas être pénalisé (pour le moment), affaire à suivre.
        Pour le PEA-PME, je me demande si cela ne va pas entraîner une sorte de mini-bulle sur les entreprise cotées concernées… Il va subitement y avoir un afflux d’encours sur des valeurs dont la liquidité ne pourra pas gérer facilement cet afflux de cash.
        Merci pour cette article très instructif Phil!
        Cheers
        Jeremy

  6. Merci pour cet article. Je n’ai encore ouvert ni l’un ni l’autre, occupé que j’étais à me former, justement…
    Je pense que je commencerai d’abord par le PEA. Puisqu’il faut au moins 5 ans pour profiter au maximum de sa fiscalité avantageuse, le plus tôt sera le mieux. J’aurais ensuite le temps de penser tranquillement à l’ouverture d’un comptre-titre…

  7. Salut Phil,

    Excellent article, j’ai tout de même quelques questions…

    – Pourrais-tu approfondir concernant la double imposition et la récupération à la source ?

    – Selon toi, est-il judicieux d’ouvrir un PEA même avec un euro symbolique juste pour prendre date ? Et le remplir par la suite…

    – Si l’on conserve son PEA 10 ans sans aucun retrait, comment sont taxés les dividendes et plus-values de la 9ème année par exemple ?

    – Si la 11ème année je décide de retirer quelques fonds, quelle est l’imposition des dividendes et plus-values qui seront réalisées après ce retrait ?

    Merci d’avance pour tes réponses 🙂

    • Bonsoir InvestMan,

      Voici mes réponses :
      – Pour la double imposition des dividendes, tu devrais trouver ton bonheur ici.
      – Oui, c’est du temps de gagné. Et au pire, si le PEA ne sert pas, on a gâché 1€… 😀
      – La fiscalité du PEA est résumée ici. Y’a rien de bien compliqué, à part le fait que si tu retires des fonds après 8 ans, le PEA reste ouvert mais tu ne peux plus effectuer de versements. C’est un point important 🙂

      Phil

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