Il y a maintenant un an et demi, je commençais à construire mon premier portefeuille boursier.
Je me suis souvent interrogé sur le nombre de lignes que je devais loger dans mon portefeuille. Dois-je avoir 2-3 lignes pour avoir un portefeuille concentré ? Ou bien une vingtaine pour être fortement diversifié ?
Cette question est d’autant plus difficile à répondre lorsque la petite taille du portefeuille rentre en compte. Peut-on réellement se diversifier lorsque l’on possède un « petit » portefeuille de quelques milliers d’euros ?
Dans cet article, je vais essayer d’apporter quelques éléments de réponse.
- Combien de lignes dois-je avoir dans mon portefeuille ?
- L’ennemi du petit portefeuille : les frais de courtage
- Le dilemme du petit portefeuille
Combien de lignes dois-je avoir dans mon portefeuille ?
Cette question revient très souvent et elle est légitime : combien de lignes doivent composer mon portefeuille ? Est-ce que 3 lignes sont suffisantes ? Ou en faut-il au moins 10 ? Plus encore ?
Lorsque j’ai commencé mon portefeuille, j’étais parti sur l’idée de faire un portefeuille concentré : il était composé de 5-6 lignes avec chaque ligne représentant entre 16% et 20% du capital investi. Je me suis vite rendu compte que ce choix ne convenait pas à mon profil psychologique d’investisseur.
Je trouvais que le poids de chaque ligne sur mon portefeuille était trop important : une mauvaise performance d’une seule ligne pouvait peser trop fortement sur la performance globale de mon portefeuille. Bien sûr, ce sentiment était très subjectif et personnel mais j’ai senti que cela ne me convenait pas.
Depuis, je suis parti sur une diversification accrue de 15-20 lignes, demandant certes plus de travail, mais qui me permet d’être totalement serein. Une ligne représente généralement 5% du capital investi, pourcentage que je juge acceptable psychologiquement.
Et là, vous me dites « mais tu as fait ton choix selon ton ressenti et non pas dans l’intention de maximiser ton rendement ». Vous avez totalement raison.
Il existe de grands débats pour savoir si un portefeuille concentré peut avoir de meilleures performances qu’un portefeuille diversifié. Personnellement, je n’en sais rien mais je sais une chose : il est très difficile psychologiquement de maintenir ses investissements durant quelques années. Il faut être fort mentalement pour tenir bon, ne pas céder à la panique. Ainsi, j’ai décidé avant tout d’être « bien », serein pour investir au mieux. Et tant pis, si je perds un peu de performance. Au moins, je dormirai bien.
Alors au final, combien de lignes doit-on avoir dans son portefeuille ?
A vrai dire, il n’y a pas de réponse unique. Certains grands investisseurs (comme W. Buffett) aiment les portefeuilles concentré avec peu de lignes (4-5) et d’autres excèlent (comme W. Schloss) avec un nombre de lignes élevé (20 et +). Je pense que cela dépend de votre profil d’investisseur et du rapport que vous entretenez avec la volatilité de vos placements. Vous seul pouvez le décider.
L’ennemi du petit portefeuille : les frais de courtage
Il reste encore un paramètre à prendre en compte avant de faire son choix concernant le nombre de lignes : les frais de courtage que l’on paye à chaque achat et vente de valeurs mobilières au sein de son portefeuille.
Lorsque l’on possède un petit portefeuille (on va dire moins de 10 000€ au total), les frais de courtage peuvent représenter un coût non négligeable, surtout lorsque l’on doit se diversifier à l’international. En effet, lorsque l’on investit à l’étranger, les frais de courtage sont généralement bien plus élevés que ceux pratiqués en France.
J’ai réalisé un tableau synthétique pour montrer l’impact des frais de courtage selon le montant de chaque ligne et selon la place de cotations utilisée. Pour ce faire, j’ai utilisé les données de mon courtier Binck.
Montant d’un ordre | Montant des frais de courtage par ordre à la Bourse de Paris | Montant des frais de courtage par ordre à la Bourse de Londres | Montant des frais de courtage par ordre à la Bourse de New-York |
---|---|---|---|
250 € | 1,00% | 6,15% | 2,10% |
500 € | 0,50% | 3,15% | 1,10% |
2500 € | 0,20% | 0,75% | 0,30% |
5000 € | 0,15% | 0,45% | 0,20% |
10 000 € | 0,10% | 0,35% | 0,15% |
On se rend vite compte que faire un portefeuille composé de lignes de 250€ est une très mauvaise idée lorsque l’on souhaite se diversifier à l’international. Les frais de courtage représentent 1% de l’ordre passé à la bourse de Paris, 2,10% à New-York et 6,15% à Londres. C’est très cher ! Vous aimez laisser 6% de votre capital à votre courtier pour chaque ordre à la bourse de Londres ? Moi pas…
Par contre, avec un portefeuille composé de lignes de 2500€, on peut investir en France et à l’étranger sans renflouer grassement son courtier.
Le dilemme du petit portefeuille
Lorsque l’on a un petit portefeuille inférieur à 10 000€, il est difficile de passer des ordres de 2500€ sous peine d’être très peu diversifié. Bien sûr, si vous ne souhaitez avoir que 3-4 lignes le problème ne se pose pas. Mais si comme moi, vous aimez avoir un nombre de ligne supérieur à 10, un problème se pose : comment se diversifier sans payer trop de frais de courtage ?
Le nombre de lignes au sein de son portefeuille est à mon sens un choix personnel selon sa tolérance à la volatilité. Il faut cependant prêter attention aux montants des frais de courtage induits par ce choix sinon vous risquez de laisser une bonne partie de votre capital de départ chez votre courtier. Pas terrible comme investissement !
Dans un monde parfait, il faudrait avoir un portefeuille boursier d’au moins 15 000 à 25 000€ afin de bien pouvoir se diversifier sans trop payer de frais de courtage. Dans la réalité, mon portefeuille est petit car je ne souhaite pas trop y investir de capital pour l’instant. J’utilise mon portefeuille comme un bac à sable afin d’apprendre un maximum. Et je ne veux pas apprendre en utilisant une part importante de mon patrimoine. Ainsi, je me contente de mon petit portefeuille pour l’instant.
Il est tout de même hors de question de passer des ordres qui me coûtent plus de 1% de mon capital. Pour me diversifier à l’international, j’essaye d’utiliser des places de cotations qui sont moins chères comme celles d’Amsterdam par exemple pour acheter des valeurs étrangères.
La vie est dure pour les petits portefeuilles… mais pas impossible 🙂
Salut Phil, tu évoques le fait qu’il est hors de question de débourser plus de 1% en frais de courtage. Je suis également contre les frais élevés et ça présente un frein dès lors où la commission de courtage devient élevée. En revanche, si tu es face à une situation où tu es persuadé de faire une excellente affaire à un instant T, serais-tu prêt à débourser plus que ce seuil de 1% ?
Bonjour InvestMan,
C’est une appréciation personnelle mais j’estime à 1% du capital investi le seuil de frais de courtage pour un ordre (achat ou vente).
Bien sûr, si j’estime que mon investissement a des bonnes chances de devenir un 2-bagger minimum (prix de départ x 2), je ne ferai pas la fine bouche.
Mais je prête tout de même attention au montant des frais de courtage. Je n’aime pas laisser 5% à un intermédiaire lorsque j’investis. J’ai l’impression de me faire voler 😀
Bonne journée,
Phil
Lorsqu’on fait une bonne affaire ou que l’ont sent qu’il y en a une, en général on mettra un peu plus d’argent donc en fonction du tableau, on pourra voir que les frais de courtages seront inférieur à 1% au dela de 2500€.
Pour ma part, je suis sur le porte feuille de 8-10 clients, un pied entre les deux.
Salut Phil,
Très bon article.
Combien investis-tu donc pour ton « petit portefeuille » chaque fois que tu achètes des titres ?
500, 1000, 1500 € ? Juste pour avoir une idée de grandeur.
Je suis aussi chez Binck, je suis investi sur 5 lignes différentes et je pense qu’à terme ce sera 10. Je préfère ne pas avoir trop de lignes pour ne pas trop m’éparpiller mais comme toi je préfère en avoir plusieurs pour « diluer » le risque.
D’ailleurs on trouve souvent dans les livres qui parlent de bourse le conseil d’avoir une dizaine de livres pour le risque justement, donc je ne pense pas que tu fasses fausse route.
Bonne journée,
Marc.
Bonsoir Marc,
Sur la bourse de Paris, le plus petit ordre que j’ai passé avait un montant de 250€ (1%). Mais je préfère passer des ordres aux environs des 600-900€ : un aller retour (achat/vente) me coûte moins d’un % du capital, c’est un bon compromis. A l’international, je suis toujours ma règle des 1% max.
Concernant la diversification, il y a des avantages et des inconvénients mais j’ai surtout choisi selon ma préférence : « La diversification est une protection contre l’ignorance ». Je ne sais pas tout, je ne maîtrise pas tout donc je me protège 😀
Merci pour ton commentaire.
Bonne soirée,
Phil
Phil,
J’aime beaucoup la citation et ton analyse qui va avec 🙂
J’essaie de faire des achats minimum de 500€, souvent je suis vers 700-900€ aussi.
Marc/
Bonjour Phil,
Je pensais à la chose suivante par rapport à la problématique des frais de courtages et du nombre de lignes du portefeuille :
– Il me semble important de déterminer d’abord son plan d’épargne, par ex, est-ce que je mets 10000€ et plus rien ou est-ce que je vais contribuer à hauteur de 10000 par an à mon portefeuille pour ma retraite ?
– Si la réponse à la question d’avant est je vais mécaniquement ré-investir 10000 par an par exemple, on peut parfaitement commencer à investir sur, mettons, 5 entreprises, puis mettre 5 autre entreprises au cours de l’année. Au bout d’un an, tu arrives à 10 entreprises. Au bout de 3 ans, avec de la patience, on arriverait alors à un portefeuille que tu cibles de 20 entreprises. Je pense que travailler cette patience peut être extrêmement bénéfique, car, dans un tel cheminement, tu te projettes vraiment dans un plan d’épargne à long terme, et tu te donnes 3 ans rien que pour construire le portefeuille (on ne parle pas de récolter les fruits ni de performance ici, seulement de construction !). Penser long terme est, pour moi, la clé la plus importante du succès dans l’investissement en général (c’est ce qui permet de faire fi de la volatilité).
A vrai dire, j’ai commencé avec une seule action avec l’objectif d’arriver à en trouver 10-20 au départ, dans une approche Grahamienne. Au final, je n’ai dépassé le cap des 10 actions que 9 ans après (et encore, 90 – 94% du portefeuille n’est que sur 7 actions). J’ai en fait modifié mon plan car je me suis rendu compte en cours de route que trouver 10 actions que j’ai vraiment envie de posséder sur le long terme était trop difficile pour moi.
Bonjour Serge,
Content de te voir passer ici 🙂
Concernant ta première question, je ne compte pas d’ici 5 ans réalimenter mon portefeuille en argent frais puisque j’ai d’autres objectifs plus prioritaires (achat de ma RP). Pour l’instant, mon portefeuille est vraiment un bac à sable pour apprendre.
Lorsque j’aurai un patrimoine plus conséquent et que j’estimerai avoir suffisamment d’expérience boursière, alors je le réalimenterai.
Concernant ma diversification à hauteur de 10-20 lignes, j’y vois déjà 3 problèmes majeurs :
– les frais de courtage (cf. l’article)
– le travail demandé pour trouver et faire vivre ces 10-20 lignes (surtout que le capital total à gérer est « faible »)
– comme toi, je pense que j’aurai du mal à trouver autant de sociétés correspondant à mes critères et que j’aurai envie de mettre en portefeuille. Bon il faut dire aussi que plus je lis BeRichCorp, et plus je deviens exigeant avec mes choix d’investissement… 😀
Pour l’instant, c’est juste que je suis plus à l’aise avec des lignes faisant 5% de mon portefeuille, plutôt que 20%.
Bonne soirée,
Phil
Salut Phil,
tu as tout à fait raison quand tu dis que le nombre de lignes dépend du profil psychologique de l’investisseur. J’ai fait beaucoup de conneries en bourse avant de comprendre que mon pire ennemi était moi même. Depuis je connais mieux ma propension au risque, j’ai de bien meilleurs résultats. Il ne sert à rien d’imiter Warren Buffet ou d’autres théories qui disent que pour battre le marché il faut concentrer son portefeuille. En effet, si tu le fais et que tu flippes parce que la volatilité du portefeuille est trop haute, alors tu vas commettre des erreurs en te laissant guider par tes émotions. Et tu achèteras ou vendras au pire moment.
Concernant le second point j’ai souvent des questions de lecteurs qui me demandent aussi avec quel montant minimum ils peuvent commencer un portefeuille ou initier une position. Souvent l’erreur c’est de vouloir commencer trop vite avec un capital insuffisant. C’est l’impatience de débuter qui l’emporte, et l’impatience en bourse est très mauvaise conseillère. En dessous de 2500 euros par position c’est inutile de commencer. Comme tu le dis, tu grilles ta plus-value en frais de courtage. C’est déjà assez difficile de battre le marché sans ça, alors donner du fric inutilement à ton banquier/broker, c’est stupide. Si on a pas assez de fric, mieux vaut rester en stand by, analyser, étudier, utiliser un portefeuille virtuel et mettre de côté gentiment et sûrement des liquidités. Personnellement je trouve qu’il faudrait même plus que 2500 euros par position.
Ce n’est pas pour rien qu’on dit que les riches deviennent toujours plus riches et les pauvres toujours plus pauvres. Si tu joues petit, tu gagnes petit, voire tu perds. Mieux vaut commencer avec un bon capital de départ, avec des positions suffisamment importantes pour ne pas laisser toutes ses billes à son banquier et un portefeuille suffisamment diversifié pour ne pas flipper à la moindre baisse d’un titre.
Bonjour Jérôme,
Je suis tout à fait d’accord avec toi.
Après, il faut aussi se dire qu’il faut bien commencer un jour et qu’un petit portefeuille permet de se faire la main. D’un point de vue personnel, je n’utilise pas le mien pour devenir riche, mais bien pour apprendre, pour être à l’aise avec les marchés financiers.
Le dilemme du petit portefeuille demeurera encore quelques temps pour moi 🙂
En tout cas, merci pour ton commentaire argumenté !
Phil