Les livrets bancaires fiscalisés sont-ils vraiment intéressants en 2013 ?

Les livrets bancaires sont-ils vraiment intéressants en 2013 ?

Ces placements financiers sont présents partout : dans les journaux papiers, à la télévision et sur internet. On nous exhorte à y placer nos économies afin de les faire fructifier rapidement. On nous promet parfois une rémunération allant jusqu’à deux fois et demie celle du livret A. Et en plus, le capital est garanti.

Mais quels sont donc ces placements miraculeux ? Ce sont bien évidemment les livrets bancaires fiscalisés, appelés parfois les super-livrets. Cependant, on peut légitimement se poser quelques questions : Que valent réellement les super-livrets ? Est-ce le bon plan de l’année 2013 ?

Je vais essayer d’apporter quelques éléments de réponses dans cet article.

La définition d’un super-livret

On connait tous les livrets d’épargne réglementés classiques : livret A, livret développement durable, livret jeune, livret d’épargne populaire, compte et plan épargne logement. Ils sont dits « réglementés » car c’est l’Etat qui décide de leur rémunération ainsi que de leur plafond respectif.

Les super-livrets sont eux « non réglementés », ce qui signifie que chaque banque peut proposer un livret d’épargne avec des modalités propres : taux d’intérêt, plafond, fonctionnement…

Généralement, les modalités sont les suivantes :

CritèreDescription
Solde minimalVariable (autour de 10-15€)
Solde maximalVariable (élevé)
On dépasse souvent les 100 000€
Versements/retraitsLibre
Taux d’intérêts annuelVariable selon les banques
Autour de 2% brut actuellement
Disponibilité des fondsImmédiate
Fiscalité sur les intérêtsCotisations sociales (15,5% en 2013) et au choix impôt sur le revenu ou prélèvement forfaitaire libératoire (24%)
Risque sur le capitalAucun (à part la faillite de la banque)

Le principe de fonctionnement est le même que le célèbre livret A : on dépose simplement son argent sur le livret et à la fin de l’année on perçoit les intérêts générés. Les dépôts et les retraits sont entièrement libres. Le capital est garanti.

L’un des points forts de ces super-livrets réside dans le fait qu’ils peuvent accueillir des sommes d’argent relativement importantes : les plafonds dépassent fréquemment les 100 000€.

En ce moment, la rémunération de ces livrets est en moyenne d’environ 2% brut sans offre promotionnelle. Il est possible de bénéficier d’offres promotionnelles proposant des taux d’intérêts jusqu’à 5% bruts durant quelques mois. Notez bien que ces offres sont réservées aux nouveaux clients et ont une durée limitée.

L’impact de la fiscalité

Contrairement au livret A, les intérêts générés ne sont pas « nets d’impôts » mais bruts : une fois les intérêts versés, il faudra s’acquitter des cotisations sociales (15,5%) puis au choix intégrer les intérêts à son impôt sur le revenu ou bien opter pour le prélèvement forfaitaire libératoire (PFL à 24%).

Depuis la nouvelle loi de finance qui est entrée en vigueur le 1er janvier 2013, vous ne pouvez opter pour le PFL que si vous touchez moins de 2 000€ d’intérêts par an. Dans le cas contraire, vous devrez opter pour l’intégration des intérêts à votre impôt sur le revenu.

Ci-dessous, un tableau résumant l’impact de la fiscalité des super-livrets selon le mode d’imposition choisi :

Mode d’impositionCotisations socialesFiscalité totale *
Impôt sur le revenu à 0%15,5%15,5%
Impôt sur le revenu à 5,5%15,5%21%
Impôt sur le revenu à 14%15,5%29,5%
Prélèvement forfaitaire libératoire à 24%15,5%39,5%
Impôt sur le revenu à 30%15,5%45,5%
Impôt sur le revenu à 41%15,5%56,5%

* La fiscalité s’applique uniquement aux intérêts générés et non pas sur le capital total.

Grâce à ce simple tableau, on se rend vite compte que la fiscalité des super-livrets peut être très lourde selon le niveau d’imposition de l’épargnant : entre 15,5% et 56,5% des intérêts générés iront directement dans les caisses de l’Etat.

Pour attirer le chaland, les banques effectuent fréquemment des offres promotionnelles : pour une ouverture d’un livret bancaire fiscalisé, elles proposent une prime de quelques dizaines d’euros et un taux amélioré durant quelques mois allant parfois jusqu’à 4-5% brut. Ensuite, l’épargne sera faiblement rémunérée à un taux standard se situant autour de 2% brut.

Pour vérifier si ce type de placement « vaut le coup », il faut calculer la rémunération nette, autrement dit les intérêts bruts moins la fiscalité totale (cotisations sociales + impôts), afin d’estimer l’argent qui ira réellement « dans votre poche ».

Ne vous laissez pas berner par les taux évoqués car ils sont toujours exprimés en brut.

Le mot de la fin

Personnellement, je n’ai jamais utilisé les super-livrets étant donné que je trouve leur fiscalité trop pénalisante, et qu’une fois la période promotionnelle passée, le taux de rémunération devient trop faible : actuellement, les taux varient entre 1,15% et 2,30% selon les banques.

A mon sens, les super-livrets ont une réelle utilité lorsque l’on dispose d’une grosse somme d’argent pour une durée courte mais dont l’échéance est inconnue : le plafond élevé et la disponibilité des fonds du super-livret constituent ses atouts majeurs.

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12 Commentaires

  1. livret

    merci phil pour cet article excellent.

    cas d’école, cours élémentaire niveau collège. lire écrire compter.
    Merci de nous « livret » ce cours dans la nudité simple des chiffres
    Dépouillé dégraissé du jargon alambiqué et des adjectifs pseudo commerciaux

    Tous en livrée Allons livret bataille.

    L’Exemple de la classe moyenne, Ozon le film « dans la maison »
    Impôt sur le revenu à 14% csg 15,5% = fiscalité totale 29,5%
    Mettre 10000 e sur un livret fiscalisé comparé à livret défiscalisé

    Moteur Calcul : 10000 e sur ce livret
    Livret à 2% brut sur un an.
    Intérêt brut 10000 e * 0.02 = 200 e
    Impôt 200 e * 0.30 = 60 e
    Intérêt net 200 e * 0.70 = 140 e 140/10000 = 1.40 %
    Comparé au LivA ldd à intérêt net = 1.75 % …..ah fi vous dis-je.
    Cqfd
    Ah les banquiers malins du financement des logements sociaux ……il le savaient.
    Et on va blablater, c’est une mesure pour favoriser les logements sociaux.
    On fait on défait on refait on promesse ……….mais le mode de calcul demeure

    Sous le pont Mirabeau coule la Seine

    Les mains dans les mains restons face à face
    Oyehhe Bercy
    Tandis que sous
    Le pont de nos bras passe
    Des éternels regards l’onde si lasse

    Vienne la nuit sonne l’heure
    Les jours s’en vont je demeure
    L’amour s’en va comme cette eau courante
    L’amour s’en va
    Comme la vie est lente
    Et comme l’Espérance est violente

    Vienne la nuit sonne l’heure
    Les jours s’en vont je demeure

    Le printemps pour le 20 mars

    Cordialement

    • Bonjour Patrice,

      Vous l’avez parfaitement compris, le savoir est la clé de voûte de l’indépendance financière.

      Même si le calcul de rendement net sur les super-livrets semble élémentaire, encore faut-il savoir ce qu’il faut faire pour passer du taux brut au taux net. Et ça, c’est souvent peu voire pas expliqué.

      Certes, c’est de la fiscalité mais il n’y a rien d’insurmontable. Un simple tableau résume les différents cas possibles.

      Le savoir est une arme. Quand on ne sait pas, on s’expose à se faire « avoir ».

      Bonne journée,
      Phil

      • Bonjour Phil,

        Merci beaucoup pour votre réponse, qui va à l’essentiel.
        La plupart des calculs bancaires sont simples, à notre portée et très éclairant.
        Un tableau synthétique mieux qu’un long discours. Brut net fiscalité csg pfl isr etc ….

        Par contre la compréhension du milieu bancaire et des produits demande du vocabulaire
        Et du savoir. Ça c’est plus long. Et J’ai particulièrement savouré votre formulation,
        « le savoir est la clé de voûte de l’indépendance financière. »

        Bonne journée
        Patrice.

  2. Salut,

    Effectivement ce genre de placement n’est intéressant que lorsque le taux est boosté.
    Je me suis déjà laissé tenter lorsqu’il y avait une prime à l’ouverture et que le taux après impôts et prélèvements sociaux était supérieur à celui du Livret A, mais la période à taux préférentiel ne dure que peu de temps…

    Par contre, l’appellation « super-livrets », concerne les comptes sur livrets lorsque le taux est boosté quelques temps.
    Sinon il s’agit seulement de livrets bancaires fiscalisés comme tu le dis dans ton titre 😉

    Marc.

    • Bonjour Marc,

      Concernant l’appellation « super-livrets », je n’ai pas trouvé de définition claire et universelle. Certains médias comme LeMonde ne font pas de distinctions entre super-livrets et livrets d’épargne fiscalisés : en effet, puisque chaque livret propose au départ un taux boosté, ce sont tous des super-livrets (pendant un temps certes).

      En tout cas, dans mes articles, ce sont des synonymes 😀

      Merci pour ton commentaire,

      A bientôt,
      Phil

  3. Salut Phil,

    Les autres intérêts que je vois à utiliser un super livret:
    1. Si on a déjà rempli ses autres livrets réglementés aux taux généralement plus avantageux.
    2. Pour provisionner de l’argent pour son budget comme pour les vacances, les impôts, des dépenses annuelles récurrentes, etc.

    Ben

  4. Si on a déjà remplie les livrets A, LDD et consort je ne trouve pas les super-livret intéressant. Tant que les taux net seront aussi faiblard ça restera un attrape gogo pour moi avec le super-taux comme carotte. A part quand on a une rentrée inattendue d’argent et pour se laisser le temps de réfléchir à où le placer ça peut être une bonne solution. Histoire de gratter quelques intérêts.

    Si c’est pour investir il y a bien mieux à faire. Surtout quand on voit le niveau d’imposition (de spoliation ?) que l’on peut atteindre… La tranche à 30%, avec un salaire de parisien, on s’y retrouve facilement.

    • Bonjour Julien,

      Il est clair que si l’on a un taux marginal d’imposition élevé, il vaut mieux passer son chemin.
      Sauf si l’on veut renflouer un peu les caisses de l’Etat 😀

      Bonne journée,
      Phil

  5. Pour empocher un max, ll faut être adepte du saut de livret ça semble évident, avec les primes de bienvenues et les bonus de parrainages net d’impôts, ont doit facilement atteindre un rendement net de 4 voire 5% sur un an avec un TMI de 14%, malgres les pertes de quinzaines du aux virements. C’est du travail c’est certain, mais je pense que cela vaut sur le coup.

    • Bonjour Paul,

      Avec un TMI à 14% et les cotisations sociales à 15,5%, on « perd » déjà quasiment 30% en fiscalité.
      Sachant que les meilleurs livrets sont autour de 5%, on doit plutôt arriver à quelque chose comme 3,5% net.
      Enfin, il faut savoir que changer de super-livrets à la fin de l’offre promotionnelle demande pas mal de temps et de rigueur 🙂
      A vous de voir si ça vaut la peine !

      Cordialement,
      Phil

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